HOMMAGE AU CHANOINE LABORDE
Copie in extenso des hommages au Chanoine Laborde parus dans le journal l’Eclair du 22 août 1963.
Au-delà de la brusque émotion produite par une disparition inattendue, c’est avec appréhension et délices qu’une plume admirative et respectueuse aborde le portrait de M. le Chanoine Jean-Baptiste Laborde.
Car sur la promesse d’un passionnant inventaire de belles richesses de cœur et d’esprit pèse toujours la crainte d’un regard que la mort n’a pas éteint ; ce coup d’œil un peu sceptique, à l’ombre d’un sourcil broussailleux, annonciateur de quelque éclat de voix sonore et décourageant… « Vous n’y pensez pas jeune homme !… »
Et le « tout n’est que vanité » de l’Ecriture trouverait sa traduction française « sornettes que tout cela » où, dans un Béarnais intraduisible « laissez-moi donc ces… foutiroles »
Peine perdue ! Vous nous appartenez, cher disparu, et notre consolation est de parler de vous au nom de la vérité vraie, celle dont vous nous avez appris à être les modestes serviteurs…
M. le Chanoine J.-B. Laborde était un Béarnais d’Ogenne-Camptort, ces deux hameaux jumelés dont les fermes s’éparpillent sur les pentes vallonnées qui descendent vers la plaine de Navarrenx.
Ce fils de paysan trouva dans son héritage le goût du labeur et, dans l’abri de la maison natale, le culte de la terre mayranne, de sa langue et de son histoire. Ceux dont l’enfance a été nourrie de ce lait n’en oublient jamais la saveur unique. Lui, devait en faire, toute sa vie, sa nourriture terrestre préférée.
Laborde, d’Ogenne-Camptort ! Toutes les musiques du Béarn sonnent dans ces syllabes et sur les lèvres du disparu qui remerciait la Providence de l’avoir doté « d’une bonne tute », le chant des voyelles éclatantes s’orchestrait du roulement souverain des « r »
Sur un corps de taille moyenne et bien planté, une belle tête large et solide, qui ne se haussait pas du col, un front proéminent et un menton volontaire apprivoisé par l’humour d’une fossette et deux petits yeux mobiles qui voyaient sans regarder ; car il est bon d’être curieux ; mais, en Béarn, cela ne se montre pas, par politesse, autant que par prudence.
L’homme ne se livrait pas, surtout du premier coup ; il y a dans cette réserve quelque chose du sens de l’économie propre au paysan, avec le sentiment de surcroît qu’il faut toujours voir venir et que tout ce brille n’est pas or. « Bey hère praube lou qui nou pot proumète » M. Laborde préférait tenir plus qu’il n’avait promis.
C’est une manière de pratiquer le doute méthodique ; cela peut conduire à la science authentique, celle qui amasse lentement ses modestes trésors, dédaigne les bavardages et confère à la parole tout son poids en mesurant son débit.
Placez sous cette écorce un bois riche de sève, d’une sève allègre et généreuse et vous avez des fruits pleins de caractère ; comme on aurait dit : ce pommier de chez Laborde de Camptort donne des pommes qui ne ressemblent à aucune autre.
Une vraie bonté de l’arbre consiste à donner de bons fruits. La bonté de M. le chanoine Laborde ne s’épanchait pas en sentiments débordants : elle portait ses fruits et ceux qui y goûtaient les trouvaient bons. Ils ne devaient rien aux procédés artificiels ni aux emballages séduisants : ils étaient pleins de santé, fidèles à leur essence propre.
Leur jardin n’enviait pas celui des Hespérides. A Ogenne-Camptort l’honneur et la joie est d’être un bon spécimen d’Ogenne-Camptort. « E lou qui ne sie pas counten, que s’en serque gnaute » Ceci soit dit pour les ambitieux. Il n’y a rien de plus redoutable que la fierté d’un modeste…
Du jardin d’Ogenne, le chanoine est passé à celui des racines béarnaises… tout naturellement. Il a cultivé l’histoire et la langue de sa petite patrie comme les siens ont cultivé leur terre, amoureusement, respectueusement. Il a labouré le sol souvent inculte des archives et de ces terres trop reposées a fait sortir à chaque saison des moissons nouvelles.
Voici le type même du prêtre-lettré qui a trouvé un travail à sa mesure, en marge de son ministère, parce qu’il avait le goût de défricher. La grande histoire est faite de petites histoires, celle d’une famille, d’un village, d’une province. Il a remué cette matière première que les esprits légers croient morte, et qui palpite encore dans ses vestiges ; mieux, qui pèse sur nous et qui nous conduit sans que nous le sachions. Encore vaut-il mieux le savoir.
On dit que cette race de chercheurs se perd ; si c’était vrai, ce serait dommage. Mais c’est affaire de vocation. Le train de l’histoire future sollicite les imaginations modernes ; mais il irait droit aux déraillements si les explorateurs du passé ne lui rappelaient sans cesse d’où il vient.
En tout cas, M. le chanoine Laborde eut quelque mérite à conquérir son titre d’historien : ce fureteur de documents, ce découvreur de textes était au fond un autodidacte et la merveille fut que sa curiosité inlassable s’imposa les disciplines rigoureuses qui freinent l’imagination pour la maintenir au service de la vérité.
Cette sûreté, un amateur de graphologie l’aurait découverte jusque dans son écriture, petite et parfaitement formée, minutieusement lisible, l’écriture d’un bon artisan soigneux, précise et sans fioritures, économe et fidèle ; du bon travail.
Et le style, c’était bien l’homme : sobre et cependant dru. Son béarnais était vrai et pourtant lisible ; sans recherche, mais piquant et savoureux bravant gaillardement l’honnêteté, selon cette veine que l’on dit gauloise et qui est aussi de chez nous ; mais « en parlant toujours par respect », car, ce qui ne se dit pas, il est toujours facile de le laisser deviner, pour le salut conjoint de la vérité, de la bienséance et la charité.
Ce paysan du Béarn, ce lettré, était un prêtre. Ici les poseurs de problèmes vont se poser des questions.
Un froncement de sourcil du chanoine Laborde dirime les controverses. Pour lui, aucun problème ne se posa jamais ; il se contenta de les résoudre en vivant sa vocation sacerdotale, sa vocation d’historien, sa vocation d’homme, d’un même pas, d’un même élan.
Peste des abstractions ! Il fut un curé appliqué à sa cure ; un aumônier adonné à ses ouailles. C’était à l’asile Saint-Luc et l’on conviendra que cette tâche qu’il soutint de longues années sans faiblir demandait une particulière abnégation ; mais c’était tout naturel pour lui ; et les pauvres gens qu’il servait – ces pauvres abandonnés que la science elle-même dédaignait en ces temps-là, faute de connaissances et de moyens – valaient à ses yeux autant que tous les autres, à cette différence qu’il ne se croyait pas obligé de leur faire de haute théologie. D’ailleurs, il n’en aurait fait pour personne.
A travers ce ministère où la vraie consolation fut de faire briller dans la nuit la seule espérance alors possible, l’espérance chrétienne, l’aumônier de Saint-Luc garda son robuste optimisme.
Depuis 1958, après 56 ans d’activité, il s’était retiré à la maison François-Henri. C’est là qu’il a continué à donner à tous le plus beau témoignage : celui d’une joie de vivre qui ne capitule jamais.
Au-delà des 80 ans, l’âge pesait sur lui et parfois une ombre de mélancolie vibrait dans sa voix fatiguée : « Que-m bielhs !» Mais un souverain abandon de quelque saillie venait démentir sa lassitude. Il avait beaucoup dispersé de ses livres et de ses textes et ce ne fut pas pour lui un mince sacrifice. Il n’avait jamais aimé pour eux-mêmes les biens de ce monde et il voulait donner l’exemple du dépouillement.
A l’occasion, cependant, il reprenait telle étude à la demande de quelqu’un et pour rendre service ; comme le vieillard qui a fini sa journée, mais, de temps en temps donne un coup de main aux plus jeunes, pour leur montrer ce qu’ils ne savent pas et peut-être leur démontrer qu’il n’est pas fini…
A François-Henri, parmi ses confrères âgés, il fut le boute-entrain de chaque jour. Lors de la réunion des anciens vicaires de Saint-Jacques, fin juillet, on l’entendait faire d’une voix sonore l’éloge de cette maison de retraite où les vétérans du ministère sont reçus et dans ce témoignage de délicate reconnaissance, dont personne ne soupçonnait qu’il était peut-être le dernier, on sentit avec émotion vibrer son grand cœur.
L’un des plus féconds aspects de son apostolat sacerdotal fut sans doute celui-là : de manifester – et sans le chercher – dans des milieux très divers, comme sa paroisse, son aumônerie, les Sociétés savantes et les Académies locales, auprès d’esprits qui, tous, ne partageaient pas sa foi, bref, dans l’Eglise comme dans le siècle, ce qu’est un prêtre foncièrement bon et généreux, modeste comme il respire, heureux de vivre, ennemi de toute ostentation.
Et nous le revoyons tel que M. le Vicaire général nous l’a dépeint en quelques mots, à deux pas de son cercueil : ce vieux prêtre de 85 ans, en soutane, rabat et chapeau à cordons – là fut sa coquetterie et l’une de ses fidélités – prenant sa bicyclette pour aller dire la messe à Saint-Louis, et tombant soudain, servant à sa manière jusqu’au bout.
Quelques minutes auparavant, dans la crypte du Sacré-Cœur, il avait chanté de sa voix encore ferme le vieux cantique de son enfance :
« Et quand ma dernière heure
Viendra fixer mon sort,
Obtenez que je meure
Dans la plus sainte mort »
Que vos restes reposent en paix, cher disparu, dans votre terre d’Ogenne-Camptort. Mais votre voix inoubliée nous répète encore « Atau qu’ey la bite ! » avec cette sagesse confiante qui s’abandonne à l’espérance éternelle.
G.L.C.
LE MOT DE SIMIN PALAY
Aux obsèques de M. le chanoine Laborde, mardi, on cherchait en vain la silhouette patriarcale de M. Simin Palay. La fatigue de ses 89 ans pèse sur les épaules du maître incontesté de nos lettres béarnaises ; il n’était pas au dernier rendez-vous de son grand ami disparu.
Nous lui avons fait une visite dans sa villa de la Vallée heureuse et nous l’avons trouvé promenant son chagrin sous les ombrages. Et nous avons parlé de l’absent. Voici ses propos.
« Ne pouch pas escribe… Que caléré toutu qu’estésse you qui-n parlassi. Mes ne pouch pas…
Si sabèt qui-m hè doù ! Dap Camelat qu’ère lou mey gran amic e lou mey bielh… Moun Diu tout de yé…
Que hasoum counechence à la felibreyada de 1902 à Aulourou ; qu’abé abut dab l’abbat Beziade ue medaille d’aryen ; qu’aben heyt amasse u sounet.
Après, que coumencen « Las Batalères » du « Patriote » ; que hasé lou « Talhur d’Aulourou ». Puch, Badiole, lou Carboué d’Eysus qu’arribè. Que s-em toustem seguits desempuch.
Qu’abè lou parla de Sus. Que disè las causes qu’oum èren e quan calè. Qu’ at sabè tout. E na-t abéren pas dit !
Qu’eren cousis per las granmays. Qu’abi heyt ue petite histoère de la famille Palay, mes que m’abè trouvat tout ço quicalè… »
Ici, Simin Palay cherche un dossier. Voici l’arbre généalogique dressé par M. le chanoine Laborde de sa fine écriture ; à partir de Bernard Mulé né vers 1760, voici les deux lignes descendantes qui démontrent que Simin Palay et J. B. Laborde étaient cousins… au 4e degré ! De Montaner à Navarrenx, la distance avait été franchie.
« N’ére-m pas cousis qu’ére-m frays ! Qu’em soubieni quan l’estallen à Brudyes en 1912… Qu’en abou coumplimens ; ne-us aymabe pas !… E à Saint-Luc, qu’en a calut patience, e que-n a miat mounde dinqu’au cemiteri deu hameù !Que-y anabe à pè.
Aco qu’ère u beroy amic ! »
Simin Palay pleure son ami. Et son dernier mot : « Que disem : lou boun Diu que l’aye ! Mes, au segu, que l’a, lou boun Diu »
Dans sa grande peine, Simin Palay a été heureux de réveiller ces souvenirs. Qu’il soit remercié d’avoir accepté de dire son mot dans cet hommage au disparu. Il aurait manqué.
LE JOURNALISTE ET L’HISTORIEN
par Mgr J. ANNAT
La mort du chanoine Laborde est pour les lettres béarnaises, et particulièrement pour les études d’histoire, une perte irréparable. Sa vocation de « béarnisant » se révéla dès les premiers jours de son professorat au collège d’Oloron, en 1902-1903.
Il y avait alors dans cette ville un groupe très actif : il préludait à l’agitation qui devait secouer la France quelques temps après, en 1904, avec la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat et aboutir aux lois d’exception contre les religieux ; c’était le « GALSO » (Groupe d’Action Laïque Sociale d’Oloron)
Le jeune abbé Laborde, dès son arrivée, donna chaque semaine à l’hebdomadaire l’Echo d’Oloron, des « Batalères » où il racontait ce que les membres du « Galso » avaient dit ou fait lors de leur dernier comité secret tenu « Au Cor d’Henric ». Ces « Batalères » paraissaient sous la signature de « Yan de Lahittau » et les Oloronais, intrigués, se demandaient qui se cachait sous ce pseudonyme et qui pouvait « blaguer » les membres du « Galso » à coup d’anecdotes malicieuses.
En devenant Palois en 1905, « Yan de Lahittau » voulut marquer son origine Oloronaise ; il s’appela « Lou Talhur d’Aulourou » et écrivit pour le « Patriote » ces nombreuses « Batalères » qui firent sa réputation de conteur béarnais. Il est regrettable qu’on ne les ait pas recueillies et publiées comme le fit « Lou Carboué d’Eysus ».
Entré dans « l’Escole Gastou-Fébus », il devint très vite « sost-capdau » et collabora activement aux « Reclams de Béarn et Gascougne ». Il y publia, en particulier, une étude sur les Noëls Béarnais et l’idée lui vint alors de rechercher les vieux Noël de chez nous : il pensait en trouver deux douzaines et ne pas dépasser le cadre d’un article de la revue. Mais des collaborateurs vinrent de toutes parts : il en choisit 65. « Avec patience et science, écrivaient Camelat et Simin Palay, par juxtaposition de ces éditions diverses des manuscrits et par des additions différentes, il établit des textes que défigurèrent souvent les éditeurs ou les copistes ». Il fut aidé par le P. Abbadie de Bétharram et le P. Mignou, lazariste ; il trouva auprès de Czerniewski, de Lescazes, Frontère et de G. Mirat, des concours précieux pour harmoniser les textes et ainsi un magnifique recueil « Nadau, Nadau » (130 pages) aujourd’hui introuvable.
Dans le Félibrige, les noms de S. Palay et de J. B. Laborde sont désormais intimement liés et Bérard pouvait dire (préface des « Origines latines du Gascon » par Bouzet et Lalanne) : « Les Félibres le l’Ecole Gaston Fébus ont maintenu et renouvelé dans notre Sud-Ouest la curiosité et le goût des traditions provinciales… Avec des mainteneurs comme l’abbé Laborde, curé de Bruges et Simin Palay, ces remueurs de foules et ces déchiffreurs d’archives de qui l’éloquence colorée et drue est appuyée à une science si solide, ils ont remis en lumière la poésie de notre terre et de notre langue ».
Lorsque S. Palay entreprend de rééditer et de compléter le Dictionnaire béarnais de Lespy, le chanoine Laborde lui apporte la plus précieuse des collaborations. « M. l’abbé Laborde, écrit Simin Palay, non seulement m’a fourni environ 4000 mots qu’il avait eu la patience de relever dans les écrits publiés en Béarn depuis la fondation de l’Escole Gaston Fébus et manquant au Dictionnaire de Lespy, mais encore il m’a aidé dans le minutieux et fastidieux travail de correction d’épreuves »
Le chanoine Laborde a assisté à de nombreuses fêtes félibréennes et publié bien des études. Mgr Gieure qui voulait que le parler béarnais fut matière d’enseignement dans les collèges, lui confia le soin de l’enseigner au collège de Nay où il donna chaque mois un cours d’histoire et de grammaire.
C’est surtout dans les études d’histoire locale que devait s ‘exercer l’activité du chanoine. Il n’a jamais sacrifié le moindre de ses devoirs professionnels pour mener ses recherches : ces devoirs, ils les a scrupuleusement observés mais, tous les instants libres, il les a consacrés à des recherches d’histoire ; il a fouillé les Archives départementales, les Archives communales, collectionnant ainsi une foule de renseignements qu’il savait utiliser avec un ordre parfait.
Il fut l’un des collaborateurs les plus fidèles de la « Revue historique et archéologique du Béarn et du Pays Basque » Bornons-nous à citer quelques unes de ses œuvres :
- La fondation de la Bastide de Bruges (in-8° de 53 pages)
- La compagnie de Messieurs les Pénitents Bleus de la Ville de Pau (in-8° de 216 pages)
- La Congrégation des Bourgeois et Artisans de la Ville de Pau (in-8° de 182 pages)
- Un club féminin pendant la Révolution (in-8° de 24 pages)
- Coutumes et Chansons de Noces dans la Vallée d’Ossau (in-8° de 52 pages)
- Une série de « Figures ecclésiastiques d’autrefois : Bitaubé (in-8° de 78 pages) ; Puyoo (in-8° de 16 pages) ; Eliçagaray (in-8° de 57 pages) ; Pierre-Antoine Lamarque, dernier curé de St-Martin (in-8° de 84 pages) ; Jean-Jacques Baradère, premier curé de St-Jacques (in-8° de 98 pages)
- En route vers le Marché et les Foires du Vieil Oloron (in-8° de 35 pages)
- Morlaas, première capitale du Béarn (in-8° de 37 pages)
- Les Brouches en Béarn, Gascogne et Pays Basque (in-8° de 162 pages)
- L’évéché d’Oloron (in-8° de 44 pages)
A la Société des Sciences, Lettres et Arts de Pau dont il était membre, il a donné de nombreuses communications et certaines études ont paru dans le bulletin de cette société.
De même, dans l’Association Régionaliste, dont il était vice-président, il a publié plusieurs articles parus dans le Bulletin Régionaliste.
Son départ de Bruges et sa nomination comme aumônier de Saint-Luc marqua pour lui une nouvelle orientation. Il entre en contact étroit avec M. Lorber l’archiviste départemental et à son école, se forme davantage aux exigences de la sévère critique historique. Il collabore avec lui au Tome 1 de l’Histoire du Béarn : travail minutieux qu’il faut reprendre à diverses reprises afin qu’il soit inattaquable aux yeux des historiens les plus sévères. Ce Tome 1 porte la date de 1932 ; en réalité, il ne parut qu’en 1944 sous le titre « Histoire du Béarn », par MM. Lorber et Laborde.
Le Tome 2 tardait à paraître et sa parution paraissant compromise, le chanoine Laborde se décida à faire paraître une histoire complète du Béarn, sous le titre « Précis d’Histoire du Béarn » dont la première édition fut si rapidement enlevée, que l’on dut procéder à une réimpression : cette deuxième édition fut à son tour rapidement épuisée et actuellement on n’en trouve plus un seul exemplaire.
Un événement, un anniversaire sont pour le chanoine Laborde l’occasion d’une recherche approfondie : le Centenaire de Henri d’Albret lui donne l’occasion de publier dans la Revue Régionaliste des Pyrénées une étude sur « La mort et les funérailles du Roi de Navarre » Il célèbre le Centenaire de Saint-Vincent de Paul en publiant une longue étude sur « Fils et Filles de Monsieur Vincent à Pau pendant trois siècles » La venue du Roi de Suède à Pau lui inspira récemment d’écrire dans le « Bulletin du Musée Bernadotte à Pau » et il consacre une forte brochure de 126 pages à « L’église St-Martin de Pau » qui va fêter dans quelques jours le centenaire de sa première pierre.
Combien sont-ils ce qui, un jour ou l’autre, sont allés le consulter, lui demander conseil, chercher un sujet de thèse, solliciter une aide ? On imagine souvent que l’on trouve aux Archives des monographies toutes faites sur les diverses communes. On lui demandait lui demandait une monographie toute faite. Il dissipait ces illusions, expliquait les difficultés : il faut recueillir un peu au petit bonheur des éléments épars ; faire de longues recherches et mettre du temps. Cependant, il promettait de faire son possible et comme il était serviable par dessus tout, il était rare qu’il ne donnât pas satisfaction. Ces jours-ci encore ne lui demandait-on pas une notice sur…Méritain ?
Cette vie de recherches et de dévouement devait être récompensée : Mgr Vansteemberghe le fit chanoine d’honneur de la cathédrale de Bayonne en 1943 et le Gouvernement Français le fit Officier de l’Instruction et lui décerna la Croix de la Légion d’Honneur.
Il appartenait, par ailleurs à toutes les Sociétés savantes de la région : à l’Escole Gastou Fébus ; à la Société des Sciences, Lettres et Arts de Pau ; à l’Académie de Béarn ; à l’Association Régionaliste et il était partout un membre des plus actifs.
Mise à jour : 30-09-2009 / PA